attends, quoi ?
Comment ça "il a fallu au moins six mois pour un truc aussi minable ?"
PUISQUE C'EST COMME CA :
Je retranscris ici le débat qui a paru dans mes commentaires à propos des webcomics, car il fut passionnant. Ca intéressera peut-être quelqu'un, pour une fois que des comm's disent des trucs intéressants !
Bon, c'est un de la tranche de vie de dessinateur de bédé, soit (mais
agrémentée de méchancetés sur les autres bédéastes, ça compense)...
Mais il y a bien James (et la tête X) :
http://ottoprod.over-blog.com/
J'adore. Dommage que le gars soit tellement pris par le dessin pour des
éditeurs qui payent, actuellement, sans parler des tournées de promo,
qu'il n'a plus beaucoup de temps pour bédébloguer.
Chose amusante : j'ai rencontré le gars de Six Pieds sous terre (l'éditeur de James) au Salon du livre, et il m'a soufflée en expliquant que le site était plus populaire chez les djeunz que celui de Boulet.
D'un autre côté, il n'y a pas, à ma connaissance, de webcomic
américain qui sache faire des "tranches de vie" correct. Même si
Karnath objecterait probablement.
Exception culturelle, french touch, yadi-yada.
Le webcomics s'est développé chez les anglophones parce que le
marché du comics était en crise au moment même où Internet s'est
démocratisé. Chez les francophones Internet s'est démocratisé plus
tardivement et le marché de la BD était de son côté en plein âge
d'or... Or, la BD francophone a construit son âge d'or sur un genre
particulier : l'autobiographie... Comme par hasard le web s'est
démocratisé chez nous à travers les blogs. Il n'en fallait pas moins
pour que la première forme vraiment médiatique de la BD en ligne soit
le blog BD. Autrement dit des tranches de vie. Voilà qui explique ton
constat.
Ceci étant, nombreux ont pris conscience que le blog BD
ne pouvait être une fin en soi. Si pour certains il s'agit de trouver
un éditeur papier, d'autres croient dans une BD créée d'abord pour être
lue en ligne. C'est pour cela que nous avons créé Webcomics.fr début
2007 (plus de 200 BD à ce jour, plus de 3000 planches), et que
Webamag.fr ou Foolstrip.com sont également apparu au cours de la même
année. On commence réellement à avoir une production francophone
originale qui va du strip humoristique au feuilleton de SF.
Oui mais vous avez quand même une visibilité limité (et je parle pas de moi : je lis ces sites, comme je lis Lapin).
Ensuite,
le premier paragraphe est plus ou moins du wikipedia (donc j'apprends
rien HAHAHA) et je ferais remarquer qu'en 2000, âge d'or de la BD
toussa, il y avait pléthore de titres BD non autobiographiques.
Lapinot, Lanfeust et Aquablue c'était sans doute moins brillant que Le
Journal d'un Remplaçant (dont je ne conteste pas le génie), mais
c'était aussi moins plan plan.
Quand à la remarque de Tchako, ça
c'est vrai, il n'y a pas de "grand" webcomic américain sur un mec qui
raconte ses problèmes de nouille.
Le problème français n'est pas
tant l'inexistence de vrais strips originaux que la structuration de la
blogosphère (Les Laurel Melaka Gally etc etc. représente un genre
dominant qui a une tendance naturel à se lier entre soi, sans ouverture
particulière sur une autre forme de BD en ligne. C'est pas par eux que
j'ai trouvé Lapin.org, mais par un message de Desmond Seah sur un forum
australien qui annonçait une "french traduction" de bigger than
cheeses.)
Disons que je souhaite que webcomic.fr triomphe et que
Lapin perdure, parce que je me souviens d'un temps (avant les blogs) ou
je riais à gorge déployée, et en français, avec des conneries comme La
Mouette.
Après, si ça fail, je vais pas pleurer de la bile non plus,
je suis assez anglophone pour lire des comics anglais sans jamais être
offtrip.
Ah oui et j'ajoute un détail. Comme je suis sur mon blog en position de force et que j'ai promis 50% de haine en plus :
sur
Webcomic.fr, vous publiez des trucs sympas, mais y'a aussi pas mal de
grosses bouses. Ca enlève rien à la noblesse de l'initiative...
Moralité : on attend Zali. Hé, hé...
C'est vrai que les webcomics mériteraient un meilleur éclairage...
On compte sur toi ! Si les lecteurs qui veulent des webcomics ne
défendent pas ceux qu'ils aiment (au lieu de s'en prendre aux blogs BD)
ça ne pourra pas s'arranger ;).
Sinon, pour Webcomics.fr, on ne
"publie" pas des trucs sympas (ou des "grosses bouses), on les
"héberge". La nuance est importante : nous n'avons pas la prétention de
choisir le meilleur, mais nous avons celle de permettre à tous de
publier des webcomics avec les mêmes armes que celles d'un blogueur BD.
Voilà qui devrait te plaire :).
Reste que les lecteurs ne sont
pas un public homogène : certains aiment les strips débiles de
Lapin.org, d'autres les feuilleton SF bien dessinés, les
expérimentations, ou même les oeuvres de jeunesse un peu hésitantes...
Il en faut pour tout les goûts. Le truc c'est qu'il nous manque des
lecteurs pour parler des oeuvres qui leur plaisent, les mettre en haut
du panier. Je déteste les systèmes de votes pratiqués par les
plateformes vidéo... Par contre si le lectorat de la BD en ligne
prenait le temps de parler de ses lectures sur ses blogs ou sur des
sites d'info collaborative, ça ce serait constructif et ça
contribuerait à faire un peu mieux connaître les récits plutôt que les
auteurs.
Si les auteurs de blogs BD se sur-médiatisent entre
eux, c'est au public de sur-médiatiser les œuvres des auteurs qui
prennent la peine de racontent des histoires en dehors de leur blog BD.
On n'y peut rien, 80% des productions françaises sont orientées
"sortie du chien" "achat de serviettes hygiéniques" et "ma femme prend
toute la place dans le lit"
ça craint, c'est tout...
Pour moi, le téléfilm français le plus représentatif de ce qui ce fait, c'est "Louis la Brocante". ça résume tout
Vouais, vouais. En webcomics comme ailleurs, 80% des productions
américaines sont tout aussi englués dans le quotidien le plus barbant,
mais la différence avec les francophones, c'est que les 20% restants
sont bien plus nombreux, et donc aussi plus variés.
(320 millions d'anglophones rien qu'en Amérique du Nord, ça fait du monde.)
Allez,
je balance : xkcd est de la tranche de vie d'über-geek, pareil pour
PvP, User Friendly ou Penny Arcade. Nukees, Sorcery 101, Ozy and Millie
et un bon paquet d'autres sont de la tranche de vie d'élèves et
d'étudiants, etc. Et Bob the Angry Flower (en plus d'avoir été pompé
par Gally, hu, hu !) est un mélange de râleries sur la vie quotidiennes
et de râleries sur la politique. Je ne parle même pas de ceux qui sont
de la tranche de vie de chats et autres bébêtes anthropomorphes.
En
plus, pour des raisons légèrement étrangères au monde de la création,
tout ce qui vient peu ou prou d'outre-Atlantique trouve facilement un
public en-dehors, alors que pour les créations françaises, ben...
Au
contraire, quand le marché est relativement petit et fermé sur soi pour
cause linguistico-économiques, tout ce qui joue la carte du miroir de
la vie quotidienne est valorisé. Alors que dans la bien plus vaste
piscine anglophone, les niches sont plus nombreuses et plus variées.
Conclusion
: pour faire de meilleurs webcomics, nouzaut' frenchies n'avons plus
qu'à coloniser l'Antarctique, y relâcher un tas de CO2 et attendre la
fonte des glaces pour développer un empire.
Ouais, enfin on a quand même un des marchés de la BD les plus
dynamiques et les plus volumineux du MONDE (après que nos merdes
s'exportent ou pas c'est une autre question). Notre marché BD est
uberflorissant, alors que le marché du comic est assez malade depuis
plus de dix ans aux USA, d'ou l'alternative que représente le web.
Sinon,
Irène, je suis d'accord avec presque tout ce que tu disais, mais avec
une nuance : certes, PVP, Penny Arcade etc c'est de la "tranche de vie"
mais c'est aussi du "vrai" comic strip, et en plus c'est fortement
romancé si c'est du vécu...
En fait ce qui m'énerve c'est le côté
systématiquement "journal intime" à la Pénélope Jolicoeur. Même des
auteurs qui se disent "alternatifs" comme Lune Rousse ou Cha tournent
systématiquement atour de leurs problèmes de tampax !
Sinon, Jif, je trouve pas que tous les strips de Lapin soient "débiles" :p
Et
pour la différence herberger/editer, je suis d'accord. Cependant, ce
choix (tout à fait justifiable) implique une direction editoriale
limitée, et donc un ration de trucs nazes plus important que dans un
club select.
D'un côté, tout le monde à sa chance, de l'autre,
hélas, tout le monde à sa chance. Ce qui réduit la visibilité des
auteurs awesome.
Enfin bon c'est un débat sans fin. J'espère
vraiment que les sites de bons comics stips vont durer et augmeter en
visibilité. C'est tout ce que je vous souhaite !
Bah, à ce compte-là, Boulet, Gally et Laurel aussi romancent leurs trucs ;-)
Oui, mais la différence c'est que c'est pas du comic strip. C'est du journal intime.
Et le comic strip est un genre américain. CQFD.
Il y a quand même une nuance importante entre prendre un cadre qu'on
connaît pour y placer une histoire ou des gags, et raconter sa vie -
sans quoi Gaston Lagaffe serait une autobiographie.
La plupart des
webcomics américains appartenant aux grandes tendances gamer comics et
high school / college comics sont plutôt dans la première catégorie :
le contexte est familier et certaines expériences partagées, mais ça
reste de la fiction et/ou un prétexte à blagues.
Alors certes, toute
oeuvre de fiction parle forcément un peu de son auteur, mais il y a
quand même un pas dans l'autobiographie entre les Confessions de
Rousseau et Plus belle la vie (au milieu, on peut trouver entre autres
Dilbert, PhD Comics, et toutes ces choses qui s'inspirent du vécu pour
alimenter leurs gags).
En plus une proportion importante des
webcomics très connus n'appartiennent à aucun des deux genres (Sluggy
Freelance, The Order of the Stick, the Perry Bible Fellowship), et une
proportion encore plus massive des moins connus (je lis une vingtaine
de webcomics, dont trois tranches de vie). Je doute aussi qu'on puisse
qualifier Megatokyo d'autobiographie, même très, très romancée.
En
fait, dans l'univers anglophone (américain, anglais et autres) les
comportements face à l'autobiographie sont à l'inverse des notres : les
comics où l'auteur s'inclut ouvertement dans sa propre oeuvre sont
fortement minoritaires, et il s'insère en général dans une histoire
fictive plutôt que de romancer sa propre vie.
Et par ailleurs
l'univers anglophone croule sous les fictions de SF, HF, polar et tous
les genres et non-genres qu'on peut souhaiter.
A mon avis
c'est juste une question d'histoire du développement du webcomic et du
blog-BD : il se trouve que les premières BD sur le net à avoir eu du
succès ont été des fictions pour les anglophones, et des blogs pour les
francophones. Le mimétisme a fait le reste.
C'est en tout cas dommage pour ceux comme moi qui ont du mal avec les problèmes de tampax.
Voilà, c'était mon pamphlet du mois :p
Il ne faut pas perdre de vue l'importance du support technique dans
ce développement. Une plateforme de blog, c'est avant tout fait pour
publier des billets qui n'entretiennent pas forcément une relation de
continuité. La navigation à rebours n'est pas toujours des plus aisées
(un calendrier pour naviguer dans une bd?), etc.
Dans ces
conditions, le blog n'est pas le meilleur support pour publier une
fiction longue conçues selon un modèle traditionnel. Quel auteur en
voudrait alors pour cet usage ? Cependant, le blog-fiction n'est pas
une utopie, mais il demande de réinvestir l'outil, de penser la fiction
pour lui.
Les "tranches de vies" se prêtant beaucoup mieux au
support tel qu'il est (un blog est un journal, non ?) il me semble
normal que ce soient elles qui se soient développées le plus et le plus
rapidement, que ce soient elles qui occupent le devant de la scène.
Mais il ne faut pas s'inquiéter trop: d'autres formes de récits
émergeront peu à peu. Il faut être patient, ou tenter de faire bouger
les choses :)
PS: et puis, plains-toi, y'a encore moins de webcomics belges :P
TROP LONG, PAS LU
Ok ok alors voici une image drôle et facile, puisque vous êtes des faibles de la lecture sur écran (recommandée à haute dose par tous les opticiens)