Je brise les tabous.
Il n'y a pas de Webcomics français. C'est comme ça. De même qu'il n'y a pas de cinéma français.
On a le marché qu'on mérite. Bon, ok, pour le cinéma (et les séries télés...), y'a des producteurs, des chaines de télé, des types en haut de formes avec des sacs à patate imprimés de dollars qui ont une tendance maladive à freiner la création et à l'orienter sur deux uniques genres : la peinture sociale, et la peinture historique sociale (c'est la même, avec des chapeaux rigolos).
Les initiatives de français exilés ne comptent pas (OH OUI ALIEN 4 IS SO FRENCH I SHIT BAGUETTE), et tout Dentifreak de bonne foi reconnaitre que les initiatives du genre Kaamelott (peinture sociale non historique mais avec des armures rigolotes et des insultes qui sonnent de manière cocasse) ou section série de Canal + sont horriblement marginales face à des trucs qui sentent bon soit l'herbe fraîchement broutée (téléfilm france 2 lundi soir à base de on vivait mieux dans les champs/avant) soit qui sentent mauvais le bitume (vieux paradigme français : ville=gris laid atroce, campagne=liberté simplicité joie).
Donc, disons que les créateurs sont bridés dans le cinéma. Disons ça.
Mais pour la BD en ligne, y'a aucune pression, non ? Personne qui pousse derrière avec ses grandes dents pour dire "Si tu mets pas quelques tranches de vie quotidienne, tu vas effrayer la ménagère".
Pourtant, l'immense affreuse majorité des BD publiées sur le web français tient en trois mots qui pèsent lourd : TRANCHE DE VIE.
Alors, oui, parfois, c'est de la tranche de vie follement romancée (Maliki, Frantico, Monsieur I...) mais c'est pas parce que je mets un abat jour sur la tête de ma grand-maman qu'elle va devenir un lampadaire. C'est comme ça, à longueur interminable de pages interminables (parfois nulles, parfois géniales), les auteurs français ont CHOISI de raconter des tranches de vies. Une bonne tranche de j'ai été au concert de machin pour papa, une bonne tranche de j'ai rencontré machin qui dessine truc pour maman, le tout saupoudré de vagues considérations pro hitler ou anti sarkozy selon la tendance politique du bloggueur*.
Un peu de vie sexuelle our boucher les trous, aussi. Très important, ça, parce que ça augmente la taille de l'e-penis du bloggeur, et c'est important, l'e-penis, pour un bloggeur BD.
Oui parce que vous comprenez, s'ils dépassent les 14 000 ip différentes par jour, c'est des futurs stars de la BD en bel album cartonné qui sent la colle qui shoote. A eux la collection Shampoing, Parapluie Pilote ou je sais pas quoi.
Donc, au final, aucun bloggeur majeur (désolé, Phiip, mais Lapin c'est quand même ultra underground, dans le concept comme dans les faits...**) n'a décidé de "raconter des histoires". Et c'est CHIANT, putain, c'est CHIANT !
Quoi ? Oui, c'est tout.
J'allais quand même pas faire un article de fond là-dessus ! Toute analyse supperflue ne serait composée que d'insultes du type "vous êtes des pleutres", et personne ne veut en arriver là.
* Il n'y a pas de blog BD Sarkozyste, ou de droite en générale. Le seul dessinateur de droite connu était jacques faizant, et il n'a étrangement jamais tenu de blog. Il y a bien ce mec ringard des 4 vérités, mais a ce compte là moi je suis Picasso fusionné avec Dali. donc, aucune tendance entre le nazisme et le socialisme sur l'échiquier politique des webcomics français.
** Oui hein, in B4 Lapin.org et autres "La Mouette" (lololol webcomic 2001, fabuloso Prophet Show !!!), entre le fait qu'il y ait énormément de traductions et le fait que ces sympathiques créations soient un peu "écrasées" par le poids des grandes stars du blogging...