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LE DENTIFRICE EST EN KOLERE
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11 novembre 2007

Wee@budget

Suite comptable de l'article précédent.
Pendant quelques mois, entre 1999 et 2001, le marché du manga, qui commençait  exploser, a coïncidé -a peu près- avec l'argent de poche moyen d'un lycéen. C'est à dire que, merdes inachetables mises à part, il était à peu près possible d'acheter totes les bonnes, moyennes et mauvaises mais bon on fait avec séries qui paraissaient sur papier -et de s'acheter des VHS de Cowboy Bebop et autre Lain*-. On pouvait même manger et perdre de l'argent de plein d'autres manières.
Puis il y a eu cette croissance brutale qui a multiplié le lectorat manga par dix, vingt ou trente (ca commence vers 2001 avec les "100 000 visiteurs au cartoonist et autres trucs mémorables que le moins de vingt ans, etc.) et multiplié le nombre de sortie par dix à vingt. Pour s'en convaincre, suffit de comparer le premier Anime Land que j'ai acheté et celui du mois dernier. Une dizaine de titres contre un peu plus d'une centaine maintenant. Mais, avec la récession actuelle, mettons 100.
Maintenant, faisons des moyennes caca-boudin. Disons que le prix moyen d'une parution est de 7,5€. Entre les éditeurs pour pauvres et les arnaqueurs du papier glacé (et les liens renvoient vers deux des meilleurs editeurs français, comme quoi le prix a pas forcément à voir), on doit bien arriver à une moyenne qui tourne autour de ça.

Calculons optimistement pour faire mouiller les culottes des editeurs.
Disons que le lectorat de manga est, a vue de classe (je me base sur des échantillons de classes nunuches littéraires, donc c'est une estimation haute), de 10, allez, non, 15% de la population des djeuns d'une promo. Estimation uber-haute du lectorat potentiel. Moins les bébés, moins le machin, le truc, les vieux, les gens qu'aiment pas la bd... Allez, disons que ça concerne 1 million de lecteurs potentiel (je suis follement optimiste).
Puis disons que c'est plutôt un lectorat a faible pouvoir d'achat, sauf les otakus salariés qui y claquent plein de pognon (considérons les comme des aberrations statistiques). A mes moments les plus otakueques, j'en était a 70€/mois. Bon allez, faut baisser un peu ça, mettons 50€, là encore je pense que c'est moins (vu qu'en plus je condisère pas les DVD, CD, Goodies...). Ca fait une masse financière POTENTIELLE de 50 millions d'euros par mois. Là encore, il faut considérer que ce chiffre n'est atteint que si un million de personne dépense 50€ de mangas par mois. C'est délirant d'optimisme financier.
Considérons ensuite qu'il n'y a qu'un seul éditeur qui sort tout (pour simplifier mon calcul erroné). Et que le seuil de rentabilité d'un manga est de 3 000 exemplares écoulés (spoiler : c'est plus. Les bonnes ventes compensent celles des titres qui se trainent a 1200 exemplaires, mais ça c'est comme dans l'edition normale). La somme qui devrait être investie par les gens pour ne pas perdre d'argent est donc de : 7,50X100X3000 : 2 millions deuros et quelque. Oh, miracle, dans ma prédiction les editeurs gagnent 48 millions. A eux les putes, la coke et le champagne dans la villa de Puff Daddy.
Sauf que comme je l'ait sous-entendu sans subtilité, les lecteurs de mangas on les mêmes problèmes de pouvoir d'achat (qui stagne, alors que l'inflation est normale, mettons 10% de moins par an depuis le boom de 2001).Mettons allez 5% de moins depuis le boom.
Sauf que même pour les Otakus y'a un budget romans (peut-être japonais hein...), BD, Ciné, DVD... L'Otaku "moyen" ne va pas claquer tout son budget divertissement en manga, disons 60% au max (je sais j'ai été). Comme on a dit qu'on enlevait les otakus hardcore, retirons ces 40%, ce qui nous fait déjà 45% de moins.
Et enuite on revient sur terre et on se demande qui achète 7 ou 8 mangas par mois ? On en connait tous un qui fait ça. Mais en pratique, dans mon propre cas c'est plutôt 5 les très bons mois. Enormément en occase. Disons qu'on enlève 25% pour l'occase et qu'on amène notre lectorat a 5 mangas par mois, toujours prévision optimiste.
Et notre lectorat, on va aussi arrêter de délirer, il n'est pas d'un million, il est bien moindre, parce que beaucoup de gens n'ont que quelques tomes chez, eux, les "bibliothèque de manga" ça doit représenter 10% de ces gens -nb que j'en fais partie-, disons que les pilliers du marché c'est 100 000 personnes (pures spéculations, je suis pas économiste).
On refait le match ? On ramène a 5 mangas/mois et a 100 000 otaks qui claquent vraiment beacoup de fric en manga neuf et on enlève 70% ?
100 000 X (5X7,5)/30%= 1,125 millions €. Tout de suite, ça calme. C'est deux fois moins que ce qu'il faut.


On peut donc dire selon mon charabia relativement faux (vu qu'en pratique faut compter plus que les 100 000 otaks mais tous les acheteurs très occasionnels ou qui ne suivent qu'une ou deux série, par exemple) en pratique mais didactique dans l'idée que le moment ou l'offre a rencontré son public était aux alentours de la période ou on proposait à la vente une cinquantaine de nouveautés par mois. Enfin disons qu'à cette époque c'était encore possible d'espérer en vendre assez pour ne pas couler à terme.

Ce qui va se passer, c'est que, comme pour l'edition de romans ("regarde grand frère je me jete dans les murs avec le sourire, comme toi !), on va vers :
1) Une rotation de plus en plus rapide des livres et un tirage de moins en moins important (c'est surtout pénalisant pour les bonnes séries peu connues qui ont encore moins de chance de le devenir)
2) Une diminiution du nombre d'editeurs (bye bye J'ai Lu Manga, personne ne te regrette)
3) Une diminution du nombre de titres par editeurs (il faut se souvenir que y'a quelques années, Tonkam avait arrêté de retirer Dragon Head parce qu'il n'y avait pas 5000 exemplaires de vendus par tome...). C'est a dire que beaucoup de séries ne seront pas publiées jusqu'au bout (rassurez vous, Nautards et Samurai Deeper Kyaaaaaahhhh : ça vous concerne pas.), et qu'un nombre incalculable d'autres ne seront jamais réédtées.
C'est dommage parce que beaucoup de perles vont partir avec l'eau du bain. Les editeurs ont rushé pour offrir n'importe quoi à côté de leurs séries phares, et du coup les titres "a risque" ne sont plus suffisament amortis, puisqu'il faut bien payer les frais pour les tas de merde invendus. Comme d'habitude dans le monde editorial, on a voulu courir plus vite que le train sans se rendre compte que c'était un train à pédale.
(oui parce que finalement, le pire dans tout ça c'est que le lectorat moyen de livbres, bd, mangas, etc. n'a jamais été aussi haut. Sauf qu'on propose une offre qui augmente de 40% par an a une demande qui ne croit que de 5%. Welcome to /b/, donc.)

* Nb : le marché français du DVD est morribond, essentiellement parce que très cher. Beaucoup d'editeurs, bien que très DYNAMIQUES, proposent 4 ou 5 épisodes a 30€. Par contre, les coffrets, ça marche bien. Mais on reste encore trop souvent dans le foutage de gueule "vas y Otaku, saigne, saigne, c'est bon pour ce que t'as". Sauf que les versions US, ou Française tombées du camion, ou Françaises du Luxembourg valent 16€ le coffret au lieu de 60€. N'oublions pas que nous parlons en bonne partie de chômeurs no-life et d'adolescents boutonneux.
Bizarrement, le marché -microscopique, je parle du marché des editeurs français de musiue japonaise- du CD se porte pas trop mal. Pourquoi ? Parce que c'est de la microedition : peu de titres tirés à peu d'exemplaires, et une offre qui correspond a peu près au lectorat. Ceci dit il parrait qu'on entend Anna Tsuchiya sur une grande radio de rock'n'roll maintenant. Héhé.**

** Ils ont pas choisi la plus moche.

La prochaine fois je ferais des reviews de trucs un peu plus étoffés qu'une seule phrase. Soyez sages en atendant.

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Commentaires
Z
Ouais pas mal de magazines se cassent la gueule à force de proposer des séries de merde en boucle... et c'est les bons titres, de type "Claymore" qui en font les frais.
I
Le plus drôle, c'est qu'au Japon aussi, il paraît que le marché du manga s'enrhume. Les consommateurs semblent se lasser d'un système dominé par les grands groupes d'édition, manquant d'origialité... Mais les doujinshi en profitent !<br /> <br /> http://www.boingboing.net/2007/10/23/mangas-japanese-decl.html
Z
N'est-ce pas. Moi honnêtement vu la proportion de ce que j'achète en occase, je dois être à 5 ou 6 mangas par semestre payé neuf de ma poche...<br /> <br /> A noter que les bibliothèques sont en train de devenir un grand client des editeurs de mangasse.
F
je lis du mange, oh oui, et pas qu'un peu. Mais jamais je n'en ai acheté. Je suis donc dans la grande majorité des clients potentiels perdus par les éditeurs !
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