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LE DENTIFRICE EST EN KOLERE
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27 juin 2008

Jusfololo part wan. Approche sociologique.

Avouez que vous ne connaissez rien au cinéma Singapourien.
NON MAIS AVOUEZ QUOI !














Moi non plus.
Mais faut bien commencer quelque part. Ceci dit, contrairement à un certain nombre d'entre vous, je connais pas mal de trucs sur Singapour.
Donc mon article se scindera en deux parties.
La première sera un rappel de quelques données essentielles à la compréhension de la société Singapourienne. La deuxième sera une présentation du blockbuster que je vais ici reviewer :
just_follow_law

En bref, cette comédie nous cause des rapports des Singapouriens avec l'autorité, la loi et la prise de décision.

Quel bagage informatif vous faut-il pour ce film ?
1) Singapour est avant tout l'état qui possède le plus grand nombre de lois par habitant. C'est un état extrêmement légiférateur, qui organise absolument chaque minute de la vie d'un citoyen par une loi ou un règlement. La consommation de chewing-gum, la manière de danser sur les tables, le volume d'arrosage des fleurs, les relations sexuelles sont organisées par des dizaines et des dizaines de lois, scrupuleusement observées par les citoyens, terrifiés à l'idée de contribuer à l'asticieux système de taxation indirecte de cet état insulaire : les amandes de 500$, infligées en masse aux passants qui n'observent pas strictement la loi.
1

la scène d'ouverture de Just Follow Law peint l'acte extrême de rebellion du héros traversant au rouge, et tombant presque dans les pommes à l'apparition de la police. Nottez le côté absolument impeccable de la chaussée, des haies, des facades, etc.

2) Singapour est l'Etat le plus propre du monde. Le fait de jeter un papier gras par terre pouvant vous envoyer en prison, Singapour ferait passer la Suisse pour un escar de pestiféré.
6
Le seul pays ou un tas de carton constitue un gag en soi. Sans même que quiconque ait à se jeter dedans. LOL un tas de carton par terre, n'importe quoi !!!!!!


3) Singapour est une société multiculturelle très particulière. Les autochtones (austro-mélanésiens, pour faire rapide) sont depuis des siècles en minorité, à cause d'une très forte communauté chinoise composant 75% de la population. Mais il y a aussi des Indiens, des Philippins, quelques blancs... D'ou, dans Just Follow Law, un paquet de blagues "ethniques" qui me passent un peu au dessus, j'avoue. Ceci dit, on remarque dans le film une réalité assez tragique de Singapour : ce qui n'est pas Chinois occupe automatiquement une position sociale subalterne.

2
Le conseil d'administration dans le film, est composé uniquement de Chinois, dont un des acteurs les plus obèses que j'ai jamais vu, mais je réserve ça pour la partie critique.

3
Un indien qui fait le vigile. Il chante tout le temps (lololol blague ethnique ?) et son chef indien a une grosse moustache et de la gomina.

4) Singapour, en vertue de son passé colonial et de sa multiethnicité, possède quatre langages officiels et demie. L'anglais (langue scolaire, langue d'affaires, langue gouvernementale...) Le Mandarin (langue commune de la communauté chinoise) la Tamil (langue des indiens) le Malay (langue des autochtones) et le "Singlish" (le créole anglais parlé en pratique par la plupart des habitants). Justo Follow Law contient énormément de vannes jouant sur ces multiples langages.
C'est assez déroutant, d'ailleurs. L'héroïne (donc directrice huppée d'un service gouvernemental) s'exprime en très bon anglais. Le héros mélange Singhlish, Anglais et Mandarin, et passe d'une langue à l'autre sans que ça choque personne (enfin si, moi, puisqu'entendre un mot en anglais, un mot en chinois et un mot en charabia à la suite a un effet assez perturbant). D'autres personnages n'utilisent que le Chinois, notemment lors d'une scène ou une sorte de gourou hystérique se lance dans une considérations profonde (et très mal traduite par son interprête) sur les chances de réussites d'un envoûtement. Ca a l'air d'être fait pour faire rire... Et je ne doute pas que le Singapourien moyen se pisse dessus en le voyant !

4
disons lol et n'en parlons plus.

5) Singapour est une société militaire et autoritaire, mais étrangement assez libérale en ce qui concerne les moeurs (plus libérale que les Etats qui l'entourent, quoi...). Même si on en est pas encore au stade Earth Girl Are Easy, on peut quand même faire un nombre étonnant d'allusions en dessous de la ceinture par rapport à, mettons, la Chine toute proche.

5
Eh ouais, enfin des chinoises cinématographiques avec des blagues de nichons. Héritage du bon goût colonial brittish.

6) Et j'en terminerais là : pour comprendre le film (et une bonne partie des vannes), il faut comprendre une notion sociologique Singapourienne connue sous le nom (authentique...) de NO U-TURN SYNDROM. Oui oui, NO U. Le No U-Turn Syndrom (NUTS, notez l'humour manifestement très développé des Singapouriens...) est l'attitude à ne jamais agir même pour prendre la plus infime décision sans avoir reçu l'aval préalable de leur suppérieur, qui n'agira pas lui même sans l'aval préalable du sien, qui lui même, etc. Le nom provient de l'interdiction formelle de faire demi-tour sur les routes de Singapour avant d'avoir croisé un panneau adéquat, ce qui peut conduire à faire de très longs détours si on se plante de route (oui en même temps Singapour c'est pas grand, mais bon.) Le NUTS est en fait le sujet au coeur de Just Follow Law. Et manifestement, pour les Singapouriens, c'est à la fois un terrifiant problème social et une source de vannes inépuisables.

7
Dilbert peut aller se rhabiller.

Mon article est donc tout fait pour demain (bande de veinards) puisque je passerais à la partie purement critique de ce film que j'avais téléchargé* parce que ça avait l'air d'un nanar** mais qui s'est avéré franchement surprenant (enfin bon, j'ai pas encore tout a fait fini de le mater, ce qui explique cet article documentaire. mais je suis sur que vous avez appris plein de trucs !)

* Je n'aurais pas l'hypocrisie de dire que j'ai acheté le DVD en Zone 6... Sans le biais du téléchargement je n'aurais même jamais ENTENDU PARLER de ce film.
** En gros le synopsis : Un ouvrier moche et pauvre et une directrice de service administratif canon et riche échangent leurs corps après un accident de voiture, le tout sur fond de peinture sociale de la société conformiste Singapourienne. Remplacez Singapour par Saint-Tropez et on dirait un synopsis de Max Pecas !

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Commentaires
I
Va falloir que je vois ça, ne serait-ce que pour comparer Singapour vue par les Singapouriens avec la façon dont c'est décrit dans les bouquins de Nury Vittachy...
Z
La oui pour le coup c'est du cinéma jamais vu en France...
N
Eh ben, voilà du cinéma différent !<br /> Vivement la critique ! <br /> (Et dire que certains trouvent l'humour chinois ou coréen trop éloigné du nôtre, ^^)<br /> J'ose pas imaginer un judge dredd singapourien...
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