Redéfinir la profondeur

Récemment j'ai lu sur Nanarland (haha oui Zali tu es cultivé) une citation de je sais plus qui (je crois que c'était dans la review de "Ma Femme.... S'appelle Maurice !") laquelle était : Toucher le fond, c'est exceptionnel. En redéfinir la profondeur c'est admirable.
Voilà un peu mon avis concernant ce qui est en train de se passer à la Fac de Nantes, vis à vis du CPE.

Pour ceux qui ne sont pas encore au courant, le CPE est une loi "d'égalité des chances"*, sorte de demi-esclavage néolibéral qui permet aux employeurs d'employer pendant deux ans des gens puis de s'en débarasser sans motif. Bien entendu, ça grogne, surtout chez les jeunes. Là, là je suis d'accord. Je trouve que le CPE ne va pas assez loin. Maintenant qu'on en est là, autant rebaptiser ça "Conrat Premier Esclave", imposer le travail sept jour sur sept, la fellation obligatoire au patron pour entrer dans les locaux et l'obligation de danser la salsa en se faisant fouetter. Juste dans l'espoir de ne pas se faire jeter comme une chaussette au bout d'un an et demi. Vous avez aimé les Attention Whores ? Le néolibéralisme invente mieux : l'Employment Whore. C'est déjà comme ça dans pas mal de boîtes : le jeune serait prêt à tuer sa mère juste pour la lueur d'un improbable CDI qui mirroite au loin. C'est beau.
Bref, je n'ai pas une sympathie délirante pour le CPE.

Autre constat. La Vè république est tellement morte que son cadavre commence à puer bien bien fort. On est en régime de parti unique, avec un exécutif à deux têtes dont l'une ne sert plus (en l'occurence celle de Chirac, avant c'était celle de feu Raffarin). Les lois ne sont même plus votées. La prochaine élection ne sera qu'une "formalité" pour savoir si on passera dans un régime Berlusconien ou si on gardera un semblantde dignité. Et ce n'est plus le peuple qui gouverne.
feu Raffarin l'avait dit "ce n'est pas la rue qui gouverne". Feu Raffarin ne croyait pas si bien dire. Chaque jour qui passe n'est qu'un long cri du peuple boudé avec le sourire par les élus (UMP, mais aussi Socialistes, au moins autant en dessous de tout). Les émeutes de banlieues, évennements le plus grave depuis heu... vachement longtemps, n'ont abouti à rien. Plus aucun responsable ne plie devant la colère de ses gueux.
Ca, les étudiants ne l'ont pas encore compris.

A la Fac de Nantes, c'est le branle bas de combat. Blocage (j'ai failli écrire "blogage" déformation geek) des amphis, et vas y que je te banderolle tout que j'insulte les profs qui font cours et leurs élèves (mec en cours = fasciste, bien sur), et vas y que je te gueule dans les couloirs... Et que je te bloque les exams.
Mais bien sûr. Comme si foutre des tables devant les amphis allait avoir le moindre impact.
Villepin et Sarkozy vous méprise, ils vous conchient, ils vous emmerdent. Mettez le feu à vos locaux, tuez vos profs, mangez vos feuilles d'examens, jamais ils ne lèveront plus qu'un coup d'oeil méprisant vers vous. Au pire ils vous lâcheront un "vous êtes manipulés", et on en parlera plus. Plastiquez vos facs, ils s'en cureront le nez.
Ce n'est pas en faisant chier le monde, en empêchant les cours et les exams, que vous leur tirerez la moindre larme ni le moindre frisson.
Le vote et la révolution. ce sont les deux dernières voies d'action. Ou c'est tout le peuple qui s'enflamme d'un coup et qui fout en l'air tout ce qui passe pour nous repondre un régime qui tient la route (haha), ou on jette à la poubelle tous ces branquignols dans un an. Pour mettre les socialistes qui ne feront rien ou alors des âneries ? Ouais. On est quand même en train de voir que la droite néolibérale et le PS, c'est pas exactement la même chose quand même. Dégommez tout ces cons avec vos suffrages, c'est la première urgence. Après, on verra. Mais évitons le pire.
Bloquer les facs avec moult violence et insultes est une connerie ultime. C'est donner à Sarko/Villepin des centaines et des centaines de voix tous les jours. Ils n'ont rien à faire, vous faites chier assez d'indécis comme ça. Vous n'avez pas les couilles de tirer dans le tas et de tout faire sauter, juste celui de blablater en bloquant des portes.
Ce que vous faites redéfinit les profondeurs de la connerie et de la contre-productivité. Je serais à la grande manif du 7. Avec l'espoir qu'on soit des millions dans les rues. Le nombre, le nombre ! C'est le dernier recours. Quand ils se sentiront moins nombreux ils sentirons leurs fauteuils trembler.
Mais en bloquant les facs, ce sont eux que vous renforcez.
Laissez donc les gens travailler et allez préparer la révolution, ou les élections.

En plus, la nana du stand d'hier servait un café vraiment dégueulasse.

* Ceux qui ne sont pas d'accord avec mes subtils "" vous pouvez passer au paragraphe suivant, sinon vous risquez de vous rendre compte que je suis de gauche et ça nous fâcherait.